L'ambition des Catalans en 1282 (partie 1)

Publié le par Jean

L’élection du nouveau pape Martin IV, d’origine française, ne va rien changer au plan élaboré par Pere II, roi de Catalunya-Aragó. Le souverain catalan veut mettre sur pied une campagne militaire de grande envergure. L’organisation est colossale : préparer une flotte de plus de cent vaisseaux (galères et bateaux de transport), convaincre les grandes familles de la noblesse avec leurs chevaliers, enrôler des marins et des servants, accumuler vivres et eau douce pour les hommes et les chevaux, amasser les armes, etc. Précisons que si certaines grandes familles n’ont pas participé à l’aventure, c’est parce qu’elles assuraient la sécurité minimale en l’absence du roi. C’est un travail considérable auquel s’attache le conseil royal ; on envoie des messages signés du roi dans toutes les directions ; Pere II, en personne, parcourt tous les endroits, villes, châteaux, ports où l’on prépare l’expédition. En Rosselló, la famille noble de Castellnou, rassemble son contingent de chevaliers et de servants ; elle prépare minutieusement l’armement, épées, arbalètes, arcs et flèches, boucliers, cottes de mailles, harnais des chevaux, etc.

Vous vous en doutez, cette gigantesque activité n’échappe pas aux rois voisins ; des ambassadeurs de tous les pays, rendent visite au roi catalan pour découvrir ses intentions. Et c’est toujours la même question : « pourquoi armez-vous une flotte si importante ? » Mais, personne ne réussit à percer son secret ; son frère Jaume n’y parvient pas non plus ; même l’ambassadeur du pape n’obtient aucune réponse. Ce qui fait dire à Ramon Muntaner : «Tout l’univers avait les yeux fixés sur les ailes déployées de ce seigneur pour savoir où il abattrait son vol ». Et le roi continue, infatigable, se déplaçant lui-même ou envoyant des hommes de confiance pour stimuler les préparatifs.

Et le jour convenu, en ce début juin 1282, la flotte est rassemblée au port de Fangós, à deux pas de Tortosa ; tous ces vaisseaux de dimensions et de tonnages différents, bateaux à voile ou galères à rames, regroupés en un seul endroit, forment une masse impressionnante et procurent un sentiment de puissance aux milliers d’hommes qui piétinent d’impatience. Le roi fait dresser quelques tentes et campe sur la plage le temps de vérifier les derniers détails. Enfin, Pere II est prêt à donner le signal du départ.

A suivre lundi prochain...

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