L'ambition des Catalans en 1282 (partie 10)

Publié le par Jean

Bon any a tothom !!!

Voilà donc la situation exposée. Le jeune Alfons reste alors suspendu aux lèvres de son père. Que va-t-il faire ? Pour le roi tout paraît limpide. Il élabore immédiatement un autre plan, audacieux quoique risqué, un plan qui lui ressemble. Suivons-le.
Voilà donc comment se déroule l’affaire. Pere II se fait accompagner seulement par trois chevaliers : Blasc d’Alagó majordome du roi, Conrad Llança  mestre racional et Bernat de Peratallada son écuyer. Le guide Domingo de la Figuera, qui est choisi, connaît parfaitement chemins et traverses de tout le pays. Ensuite, le roi fait préparer vingt-sept chevaux prévus pour les relais à l’aller et pour les relais au retour, mais par un trajet différent. Puis, il distribue les rôles : Domingo de la Figuera s’habille en riche marchand, avec un chapeau et des gants ; le roi porte des habits de telle sorte qu’il puisse être pris pour le majordome de ce riche voyageur ; les trois autres cavaliers mettent des vêtements de pauvres écuyers. Et le groupe s’élance.
Après avoir chevauché longuement, voilà notre équipe à Bordeaux, en milieu d’après-midi du 31 mai. Or, quelque temps auparavant, des Catalans étaient arrivés dans la ville. Quelques-uns vont chercher Jean d’Agrilly, le sénéchal de Bordeaux ; on le prie de se rendre au camp des joutes car, lui dit-on, « un messager apporte une missive du roi Pere II ; il va vous remettre, en mains propres, une lettre cachetée. »
C’est donc au camp des joutes, là où doit se dérouler le combat le lendemain, que le messager demande au sénéchal s’il peut garantir la sécurité du roi et de ses cent chevaliers. La réponse du sénéchal est catégorique : « Non ! je ne peux pas garantir la sécurité ! » Alors, le sénéchal voit avec étonnement le majordome du riche marchand partir au galop, faire le tour du camp des joutes, brandissant son épée avec dextérité, sa lance avec maîtrise, son bouclier avec hardiesse, sous l’admiration des hommes présents. Après avoir fait le tour du camp, le cavalier majordome s’approche de Jean d’Agrilly et soulève son capuchon ! Surprise, ébahissement, effroi : le sénéchal reconnaît Pere el Gran, le roi catalan. Il lui rappelle les dangers qu’il court en restant, ici, à Bordeaux, sous la menace du roi de France et de mille hommes ! Aussitôt, un notaire enregistre officiellement la présence du roi catalan. «Pendant que le notaire dresse son acte, raconte Ramon Muntaner, Pere el Gran s’approche de la chapelle et descend de son cheval; il fait la prière à Dieu, récite les oraisons qui doivent être dites en cette circonstance; et il loue et bénit Dieu de ce qu’il l’avait conduit, ce jour-là, de manière à remplir son serment ».

A suivre lundi prochain...
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